Le crépuscule d’une idole

« Le crépuscule d’une idole » de Michel Onfray.
612 pages !

Onfray écrit comme il pisse : 52 livres en 21 ans. Plus de deux par an… Je n’ai pas eu le courage de faire le total de toutes les pages, tous les mots écrits… Comment peut-on produire autant et si vite sans … dire des bêtises.
C’est d’ailleurs ce qu’il reproche à Freud : d’avoir dit beaucoup de bêtises.
Il lui reproche beaucoup de choses, d’ailleurs. Et il doit sûrement avoir souvent raison… mais je n’achèterai pas ce livre, et je ne vous le conseille pas, vu ce que j’en ai lu, mais je le feuilletterai, bien sûr. Il ne sert à rien de tirer sur un si vieux cadavre. Il y a de bien plus utiles choses à faire. Mais Onfray semble aimer dire tout le mal qu’il pense, en oubliant de dire le mal qu’il a à penser et à donner sa propre vision du monde, en remplacement de ce qu’il honnit. Freud était un point de départ, basé sur le travail silencieux de pleins d’autres chercheurs oubliés aujourd’hui. Maintenant, il faut juste … l’oublier, et passer à autre chose. Mais ne pas rejeter la psychanalyse, qui n’est qu’une occasion donnée à chacun de consacrer un peu de temps à soi-même, pour ranger un peu le désordre des pensées accumulées dans la semaine. On va chez le psy, et donc on y a pensé la veille, en y allant, puis en en repartant, et on parle de soi, on analyse ce qu’on pense et ce qu’on fait, au lieu de glisser dessus et de se précipiter dans le futur comme seul remède à cette vie, toujours en déséquilibre et glissade sur la vague de notre temps de vie, au lieu de profiter de la belle vue que nous avons d’en haut, dans ce présent qui nous coule entre les doigts…

Et, pendant ce temps, Emiliana Torrini égrène sa petite musique, contribuant à mon calme intérieur… Facile ! Je suis seul !

Voir : « Onfray a besoin d’argent frais » et « Le souci des plaisirs« .

10 Réponses to “Le crépuscule d’une idole”

  1. Malaguarnera Says:

    J’annonce la parution aux éditions ILV-Edition de mon ouvrage en réponse à M. Onfray : Critique du Crépuscule d’une idole de M. Onfray.
    Voici la présentation de l’ouvrage :

    Après quelques jours de la parution du Crépuscule d’une idole. L’affabulation freudienne de M. Onfray, Serafino Malaguarnera (psychologue clinicien et psychanalyste, auteur de plusieurs écrits et ouvrages), a réagi avec deux vidéos où il a présenté une critique serrée de ce brûlot. Après quelques semaines, Serafino Malaguarnera nous propose un ouvrage (paru aux éditions ILV-Edition), conçu comme une partition en quatre mouvements, qui démantèle d’une manière plus articulée, systématique et serrée l’ouvrage de M. Onfray. Dans le prélude, l’auteur nous situe, avec un peu d’humour, le Crépuscule d’une idole sur un axe historique et critique sous forme allégorique. Dans le premier et deuxième temps, les points majeurs des critiques qui lui ont été avancés sont déployés avec précision. Dans le troisième temps, l’auteur nous offre un commentaire critique sous forme de dialogue, percutant, serré, facile à lire des thèses sur lesquelles est bâti le Crépuscule d’une idole et des quatre premiers chapitres. En évitant toute démarche ad hominem, Serafino Malaguarnera préfère empoigner les outils propres à l’argumentation : la logique et la dialectique.

  2. Boris Nikto Says:

    Comment appelle-t-on ce poisson qui se colle au requin? Ah oui! Le rémora. «Lorsque deux espèces différentes et peu semblables se rendent des services mutuels, on parle de « mutualisme ». Eh bien! C’est le cas! J’ai l’impression que, comme le rémora, plusieurs auteurs se nourrissent des miettes laissées par Michel Onfray. On lui colle aux baskets à la première occasion, espérant ainsi se tailler une renommée, mais ce faisant on mousse tout autant la sienne. Après les «réponses» au traité d’athéologie, d’autres pour le Crépuscule d’une idole vont envahir les librairies. Que les critiques visent juste, je ne le contesterai pas : je ne peux pas tout lire. Mais je constate, un point c’est tout.

    Quant au trop grand nombre d’ouvrages écrits par Michel Onfray, je ne sais plus combien de fois j’ai entendu cette rengaine, «ad nauseam». En fait, tout philosophe qui connaît un succès médiatique n’y échappe pas. C’est devenu une sorte de litanie et l’observateur ne peut s’empêcher d’y voir un acharnement douteux. Défoncer des portes ouvertes? Pas sûr. J’ai acheté et lu le Crépuscule d’une idole tout comme le Traité d’athéologie, entre autres, et j’ai chaque fois éprouvé le même plaisir à lire un philosophe au langage clair, précis, souvent littéraire, et dont la rigueur ne devrait pas être remise en cause. En revanche, on peut ne pas apprécier son angle d’attaque, son style provocateur, à l’emporte pièce, tout comme, en appréciant, on peut ne pas être d’accord avec lui sur tout.

    Bref, Onfray s’attaque aux églises et aux castes, n’en déplaise aux prêtres, aux fidèles et à ceux qui ne le lisent pas.

    • trex58 Says:

      J’ai d’autres livres de Michel Onfray qui attendent dans ma bibliothèque que je les lise… Cela me permettra de me faire une meilleure idée de l’écrivain. Un de ces jours…

      Michel Onfray : « philosophe » ? Hummm, je me pose la question. Très utile agitateur d’idées, certainement. Celui qui ose dire tout haut ce que beaucoup de gens pensent tout bas, certainement. Philosophe… je me demande. Un peu trop à la BHL je trouve. Mais, bon, je ne les ai pas suffisamment lus pour pouvoir m’engager. Mais, ayant lu 3 livres d’André Comte-Sponville, lui me semble plus riche, plus profond.

      Mon reproche face aux 52 livres d’Onfray, c’est qu’il me semble bien difficile d’allier quantité et qualité. Pour qu’une oeuvre soit « profonde », il me semble nécessaire soit qu’elle soit venue en un jet (genre les premiers livres d’Henri Miller) cru soit qu’elle ait été travaillée sur une longue période, permettant de donner une vision qui ne soit pas juste le résultat d’une crise un peu brouillonne. Enfin, comment avoir suffisamment d’idées pour remplir 52 bouquins ! C’est du délayage ? ou de l’évolution ?

      Et puis, Onfray était un prof de philosophie : je m’inquiète de ces « philosophes » qui n’ont pas beaucoup vécu dans le monde « réel » (je veux dire celui du monde non-protégé du « privé »). Les élèves peuvent être des tortionnaires… mais vivre au contact de personnes engagées dans la vie « réelle » (paysans, ouvriers, chômeurs, etc.) me semble plus adéquat pour se construire une vision plus proche de ce que vivent la majorité des hommes et des femmes.
      Bref : peut-on être philosophe si son métier consiste à enseigner la philosophie ? Mais, bon, Onfray n’a pas eu une jeunesse facile et n’est pas le modèle courant de prof de philo.

  3. Boris Nikto Says:

    Toutes vos questions sont pertinentes, vos doutes aussi. J’ai lu bon nombre des ouvrages de Michel et, en effet, j’y ai retrouvé certaines redites, malgré des moments forts, très forts littérairement et philosophiquement, bien qu’il faille définir ce dernier terme pour voir à quelle enseigne on loge personnellement. Ce qui prouve que nous ne sommes pas obligés de tout lire, mais je recommanderais de cibler certains ouvrages «phares», dont La Puissance d’exister par exemple, sorte de synthèse de ses ouvrages antérieurs. J’éprouve le même plaisir profond à lire Onfray, Ferry ou Sponville, mais j’apprécie encore plus leur talent de pédagogues, de vulgarisateurs par excellence tout en n’étant pas des simplificateurs à outrance, des vendeurs de «philosophie en poudre», dans laquelle il ne faudrait rajouter que quelques gouttes de sueur pour en arriver à une connaissance totale de la discipline.

    Quant à leur présence médiatique, j’ai presque le goût de vous rappeler que tous les philosophes qui ont écrit et vendu des livres, du moins plus que ne le ferait la moyenne, ont été attaqués plus souvent qu’à leur tour, donc invités plus souvent qu’à leur tour aussi. On entend les mêmes critiques acerbes se déchaîner contre eux et on en vient à croire qu’ils ont raison, par martèlement. Mais que prouve leur si grande popularité, réellement? Le besoin profond pour plusieurs, initiés ou non, de renouer avec la philosophie, les idées, mais dans un style à la Montaigne, à la Lucrèce, et non pas à la Kant ou à la Hegel, donc dans un style qui s’éloigne, qui opère une rupture avec la philosophie comme elle est pratiquée traditionnellement. Vous n’entendrez jamais Onfray ou Sponville, par exemple, vous déconseiller de lire Kant ou Hegel, au contraire, mais en même temps tous les deux s’accordent pour dire qu’on peut philosopher, autrement. À preuve les philosophes américains, plus pragmatistes ou utilitaristes.

    Quant au rôle que devrait jouer un philosophe, j’estime essentiel un élargissement des paramètres liés au métier, ne serait-ce que pour la survie de la philosophie, ou disons pour un accroissement de l’intérêt général pour une discipline que j’adore personnellement mais qui trop souvent est rebutante au possible. J’abonde dans le même sens qu’Onfray sur ce point quand il affirme que la philosophie universitaire semble ne considérer une philosophie que si elle est un système et qu’elle utilise un jargon pour initiés seulement, signe de «profondeur», prétendument. Onfray se réclame de la philosophie antique, à l’instar du regretté Pierre Hadot, et la voit comme une manière de vivre, donc comme une discipline à pratiquer «dans la rue», si vous voulez, ou pour soi, comme manière de réfléchir à ce qui pourrait nourrir notre vie et celle des autres.

    Enfin, vous dites vous méfier des profs de philo qui n’ont connu que le cocon de l’enseignement public, sans jamais se mouiller. Eh bien! Sponville et Onfray ont tous les deux abandonné l’enseignement pour ne se consacrer qu’à leur écriture ou à s’engager, à mon grand regret d’ailleurs, car Onfray a refusé un poste de prof à l’Université d’Ottawa où j’étudie toujours. Depuis la création de l’Université populaire de Caen par Michel Onfray, qui en énerve tellement, ce projet «grand public» connaît un succès incontestable. BHL ? Qui peut prétendre qu’il ne s’engage pas ? Encore dernièrement pour la cause de Sakineh, cette jeune iranienne condamnée à être lapidée parce qu’elle a aimé. Maintenant, si le «look» dandy, les chemises blanches et les jolies femmes ne sont pas associés à l’image d’un philosophe, normalement, on ne peut quand même pas lui en vouloir d’avoir une gueule et de l’argent, quand même.

    Pour tout dire, j’écoute et lis Onfray suffisamment pour vous dire que les critiques sont très souvent injustes à son égard. Je vous recommanderais, le plus sérieusement du monde, d’écouter la période de questions et réponses de vendredi dernier sur France Culture, http://www.franceculture.com/emission-conferences-de-michel-onfray-questions-reponses-44-2010-08-20.html , dans l’émission consacrée à sa contre-histoire de la philosophie dont Freud fait les frais cette année. Il y livre vraiment le fond de sa pensée suite aux questions de l’auditoire et, par le fait même, se positionne en porte à faux par rapport à la philosophie «traditionnelle», ou comme elle est pratiquée en Europe. À chacun d’estimer si cette position lui convient ou non. Au plaisir.

  4. trex58 Says:

    Quelle longue réponse ! Merci.
    Avec mes amis et connaissances, je passe pour un fou de lire tant de livres « sérieux »… et ils ont toujours un air bizarre lorsque je dis que je n’ai pas lu Millénium ou Harry Potter… Alors que, pour pouvoir me mettre à votre niveau, il me faudrait consacrer encore plus de temps à ces livres… Hélas, ma vie et mon métier ne me laissent pas assez de temps… et il faut bien essayer de goûter à tout, un peu.

    Je vais essayer de répondre, en vrac et dans le désordre.

    J’ai presque fini de lire « Qui suis-je ? Et si je suis, combien ? » de David R. Precht. J’aime sa façon de considérer que la philosophie doit s’appuyer sur la connaissance scientifique et que, au fur et à mesure que notre connaissance du monde et de nous-même grandit, la frontière entre les deux domaines se déplace, réduisant la part dont la philosophie doit s’occuper.
    D’où le reproche que je fais à beaucoup d’auteurs : déblatérer sans s’appuyer sur des faits, des études, des théories confirmées par des expériences, etc. Mais, comme je ne suis pas expert des domaines dont je parle sur ce blog, moi aussi je déblatère… mais je n’ai pas vocation à essayer de m’approcher de la vérité. Mon but ici est juste de dire ce qui me passe par la tête, en acceptant que mes idées varient, progressent ou régressent, et soient minoritaires par rapport à la pensée majoritaire. Ma position vis-à-vis de la religion est extrême, insupportable pour beaucoup. Mais qui voit, derrière ces églises, tout ce qui se trame, toute la complexité des religions ? Le français standard se divise en gros entre ceux qui « tolèrent » les religions, ceux qui pratiquent, et ceux qui s’en éloignent doucement. J’aime trouver dans Lucrèce une telle haine des religions…

    BHL : je lisais sa rubrique dans Le Point… J’ai craqué. J’en ai marre qu’il parle essentiellement des juifs et d’Israël et – pour compenser – de ce qui se passe dans le camp d’en face. Il ne philosophie pas, il soutient son ego démesuré et torturé en se montrant le plus possible. Et sa religion déteint dans ses pensées. D’ailleurs, pour moi, un philosophe ne peut pas être croyant. Philosopher, c’est pouvoir TOUT remettre en question, c’est gratter les vérités officielles jusqu’à trouver la matière véritable. Par exemple, je lisais qu’Averroès était un philosophe intéressant. Hélas, la lecture d’une page a suffi à montrer sa nature : pour lui, la philosophie n’est possible que dans le cadre de l’islam, dont les principes et idées sont … indéboulonnables. Quelle horreur ! Pour BHL, c’est pareil : il ne s’est pas libéré de son origine juive, il est prisonnier d’idées et d’une culture qu’il n’a jamais objectivement étudiés en-dehors de toute la propagande dont il a souffert dans sa jeunesse.

    J’ai lu un livre de Luc Ferry : « Apprendre à vivre », et j’ai apprécié sa façon simple, claire et structurée, de décrire et expliquer les différents courants de la philosophie, d’un point de vue historique. D’ailleurs, malgré tous ses efforts, on sent poindre sa vision critique contre les religions… donc il me plaît !
    Oui, vulgariser sans simplifier à outrance… c’est bien le plus difficile. Mais chaque livre qui vulgarise peut donner envie de passer à des livres plus complexes.

    Je lis d’autres livres, non philosophiques, vulgarisant les sciences humaines, afin d’améliorer ma petite connaissance du fonctionnement des Hommes, et afin de mieux voir ce qui est philosophie de ce qui ne l’est pas.

    J’ai un très mauvais souvenir de la philosophie au lycée… C’était plutôt : histoire de la philosophie, sans prise de position, et apprendre/maîtriser le « thèse-antithèse-synthèse ». D’ailleurs, mon 6 en philo au BAC montre bien que je n’étais pas mûr à cette époque pour comprendre le rôle profond et si important de la philo. D’ailleurs, qui l’est à 17-18 ans ? Mais je pense que la philo, sous une forme plus simple de recherche de la compréhension des choses simples de la vie, devrait commencer plus tôt. En quelque sorte comme un remplacement du catéchisme ! 😉

    Je n’ai pas lu de Kant et de Hegel, alors je ne vois pas très bien ce qu’est la philosophie traditionnelle… Mais, si vous voulez dire que ces philosophes essayaient de « raisonner » en se tenant à distance du réel et des connaissances que nous avons du monde, et qu’il faut être plus pragmatique, alors oui je suis d’accord. La philosophie n’est pas une Science. La philosophie est comme la gymnastique que chacun de nous fait chaque jour pour se garder en bonne forme physique : particulière à chacun, avec différentes pratiques. À chacun de trouver ce qui lui convient, tout en ayant le courage de regarder et d’expérimenter ce qui plaît aux autres et qui fonctionne bien pour eux.

    Oui, je suis contre ces « jargons » qu’utilisent certains auteurs… Le langage est suffisamment riche et complexe pour pouvoir couvrir une très grande part des idées. Pas besoin de mots nouveaux et surtout pas la réutilisation de mots courants pour dire d’autres choses. En cela, j’ai beaucoup aimé le petit livre « Le bonheur, désespérément » de A. Comte-Sponville : c’est profond, riche, complexe, mais dit de façon si simple avec des mots de tous les jours. Et j’ai détesté l’unique livre de Freud que j’ai lu (sur la sexualité, bien sûr !) ; mais c’était une traduction/trahison.

    La philosophie comme manière de vivre ? Hélas, peu d’entre nous peuvent se le permettre… Pour philosopher, il faut soit renoncer à une vie « normale » (maison, distractions, soins médicaux, famille, etc) pour pouvoir être libre de sa vie, soit être suffisamment riche (Onfray, BHL, …). Ou bien avoir un petit travail, simple et peu prenant, accepter de vivre chichement, pour avoir du temps libre, permettant de vivre vraiment, avec les autres, et en prenant son temps… Pour Onfray, probablement que la célébrité est aussi une revanche par rapport à sa jeunesse, et un moyen de plaire aux femmes…

    Mais, sinon, oui, chacun d’entre nous devrait lire de la philosophie pour prendre conscience de notre mortalité et en tirer LA conséquence : vivre dans le présent en ayant suffisamment réfléchi pour savoir ce qui nous rend heureux à ce moment-là. En ce moment, je suis assis devant mon PC : est-ce la meilleure façon pour moi d’occuper mon temps de vacances ? Pas sûr… Mais c’est acceptable si je répartis mon temps libre dans les diverses facettes qui me donnent du plaisir…

    Le cocon de l’enseignement public en France forme des personnes qui connaissent souvent bien mal le monde réel… Comment comprendre la souffrance des salariés du privé (75% de la population active…) lorsqu’on dispose de 3-4 mois de vacances par an et qu’on n’a que quelques heures de cours obligatoires à donner par semaine ? En opposition, j’aime bien le concept de prêtre-ouvrier, qui vit la vie des hommes (Mais, bon, dans ce cas-là, il lui faudrait lui-aussi avoir une vie sexuelle !)
    Mais, comme je le disais avant, lire, penser, écrire, cela demande du temps et de la tranquillité. Comment écrire avec une famille autour de soi ? Mais je me souviens d’un écrivain français célèbre (dont je ne retrouve pas le nom) qui réussissait à écrire malgré sa marmaille braillant autour de lui !

    Onfray vit de ses livres. Ecrire tant de livres, c’est d’abord un moyen d’écraser la concurrence, c’est aussi un moyen pour faire « sérieux », et c’est une sacrée source de revenus et d’indépendance lorsque la renommée est là. Et son « Traité d’athéologie », tombé à pic pour être lu par tous ceux qui, entre 40 et 50 ans, se posent des questions par rapport à la religion qui leur a été imposée dans leur jeunesse, l’a fait largement connaître. D’ailleurs, j’ai acheté son « Le souci des plaisirs » à la suite du traité, et je m’en suis mordu les doigts ! C’était juste une resucée du traité avec une partie consacrée à la sexualité qui n’a AUCUN intérêt, une espèce de salmigondis d’idées au raz des pâquerettes ! Bref, 25€ foutus en l’air. Mais l’emballage (couverture et reproductions) était très joli.
    Sinon, j’attends d’Onfray qu’il mette ses idées en poèmes, comme Lucrèce !

    Ottawa ? Belle ville. J’y étais durant l’été 2005, pour l’OLS. J’ai même présenté un papier…

    Oui, l’Université Publique de Caen est une bonne idée. Il y a quelque chose qui démarre à Grenoble… mais je n’y suis allé que deux fois.

    Quant à la contre-histoire, il est bon que certains se permettent de rappeler tous les côtés sombres des personnages célèbres qu’on adule. Ainsi, il y a un dans Le Point de la semaine passée un article sur la dictature sauvage de Napoléon… notre héros national tant haï hors de nos frontières. La culture que nous recevons est lourdement chargée de propagande… même si c’est beaucoup moins que ce qui se pratique dans certains autres pays…

    Pour ce qui est de découvrir les autres façons de philosopher, autres que celles des écoles françaises ou européenne, j’aime bien lire « Philosophie Magazine », qui donne la parole à d’autres mondes, comme ceux de l’Asie. Cela me permet alors de voir combien les bêtises et superstitions du passé imprègnent encore profondément ces modes de pensées… Être différent ne veut pas dire être plus proche de l’idéal philosophique : toujours essayer de comprendre ce qu’est la réalité et toujours remettre en cause les « vérités » qu’on nous assène ou qu’on reçoit en héritage. D’ailleurs, c’est pourquoi je hais les trois religions monothéistes : parce qu’elles sont archaïques et mettent le respect des « traditions » comme premier principe de leur non-pensée. Les Hommes du passé ont produit des idées en fonction des connaissances de leur époque. Nous avons de nouvelles connaissances : alors de nouvelles idées doivent naître. Mais, malgré tout, certains, il y a si longtemps et dans un dénuement scientifique incroyable, ont eu une vision du monde si extraordinairement proche de la réalité : l’atome grec, Epicure. Le Catholicisme a fait perdre à l’Homme 20 siècles. Son seul mérite ? avoir permis les Lumières et la (vraie) démocratie. Mais le coût humain fut effarant…

  5. trex58 Says:

    Boris Nikto : héros de « Errances », de Sergio Kokis, Ulysse moderne.

  6. Boris Nikto Says:

    Bonjour Trex58,

    Eh bien! En guise de réponse longue, vous n’avez rien à m’envier. Je dois vous avouer avoir apprécié votre franchise et vos positions sur un tas de sujets et, si vous me le permettez, je vais vous dresser une courte liste de ces «convergences» qui nous unissent. En passant, ne me remercier pas, entre «fous» qui lisent des ouvrages sérieux se tisse un plaisir mutuel à échanger le plus simplement du monde. Puis, moi aussi mes vacances s’achèvent et j’ai passé le plus clair de mon temps à lire ou à être assis devant mon ordinateur, donc vous n’êtes pas le seul. Je voyagerai à nouveau, un de ces jours, mais là je ne peux pas.

    J’ai lu Precht, comme vous, et j’ai bien aimé, certains thèmes plus que d’autres. J’adore Comte-Sponville, vous vous en doutez. J’ai lu Présentation de la philosophie, Petit traité des grandes vertus, Le Bonheur désespérément, L’esprit de l’athéisme et le Goût de vivre, ce dernier recelant toutefois plusieurs propos que nous retrouvons dans les ouvrages antérieurs. C’est un classique ça. J’apprécie son copain Ferry et ai lu Apprendre à vivre 1 et 2, Qu’est-ce qu’une vie réussie, L’Homme dieu et j’attends impatiemment son Réenchantement du monde, dont la parution ici est reportée depuis des mois, mais qui sera l’aboutissement de l’Homme dieu et du fort intéressant échange entre lui et Sponville dans La Sagesse des modernes, que vous apprécieriez, j’en suis convaincu, car leurs idées s’y recoupent autant qu’elles s’y opposent, par moment. laissant le lecteur indécis quant à savoir quel parti choisir. En passant, j’ai dévoré Millénium, les trois tomes, adoré les personnages de Mikaël et Lisbeth. L’auteur m’a tenu éveillé des nuits durant. Je regrette vivement la disparition de Larsson, il aurait mérité de connaître le succès de son vivant, sans compter que nous aurions pu jouir de la suite de cette trilogie qui, selon moi, est la meilleure dans son genre. Enfin, je suis abonné à Philomag depuis ses débuts. 🙂

    Dans une même veine, la religion et moi ne faisons pas bon ménage. Sans doute des relents de notre libération (partielle car il semblerait y avoir une certaine recrudescence ici au Québec), voire de notre émancipation du joug de la prêtrise. Si je tolère volontiers les croyances et les pratiques privées, le prosélytisme religieux et la bien-pensance conservatrice qui l’accompagne inéluctablement me donnent des boutons. Je suis réfractaire à tout ce qui pourrait miner ma liberté, à moins que je ne le souhaite autrement.

    Mais revenons-en au sujet d’Onfray, très brièvement, car la découverte de votre blogue me permet d’espérer d’autres sujets d’échange, comme ceux sur votre page d’accueil. Ce qui me rejoint chez ce philosophe, ce qui me «fidélise» en quelque sorte, se résume en quelques points. Tout d’abord, nous partageons des origines modestes qui semblaient nous condamner à une vie privée des plaisirs de l’esprit; nous partageons aussi des positions politiques, relationnelles, éthiques et pédagogiques similaires, pour ne pas dire identiques. Puis, j’apprécie les intellectuels capables d’écrire clairement, capable de vulgariser au besoin, ayant le souci de se faire comprendre de tous et non pas seulement des élites universitaires dont on serait en droit d’attendre un peu plus d’humilité.

    En fait, je dis toujours à mes élèves, une élite en soi, que si jamais un jour ils complètent un doctorat et qu’ils se croient soudain imbus de la connaissance absolue, alors ils devraient envisager d’en obtenir un autre car ils n’ont rien compris. Apprendre, approfondir et maîtriser une matière est aussi mettre en lumière toutes les autres, celles que nous ignorons. J’ai écouté bon nombre d’entrevues avec des spécialistes de tout acabit et j’ai toujours été étonné de leur capacité de parler beaucoup, jargon oblige, tout en esquivant de répondre clairement à une question. Bref, j’en ai contre tous les prétentieux de ce monde, les prétendues élites qui par eugénisme intellectuel ne font que perpétuer une attitude de caste et un esprit de clocher. D’où mon engouement certain pour les universités populaires, vous le comprendrez.

    Sur la question de BHL, que dire? Je ne le connais pas assez, sinon de réputation, pour m’en faire une idée claire. J’ai lu son Siècle de Sartre et son petit dernier, De la Guerre en philosophie, et j’ai bien aimé. Par contre, comme «la réputation est la somme des malentendus que l’on entretient à l’égard de quelqu’un», comme le dit si bien Onfray, j’ai tendance à prendre le parti des malaimés. Il est vrai que sa judaïté, Israël et les juifs, teinte ses propos, ses positions. En revanche, si on est juif, on n’y échappe pas, j’imagine, et d’autres s’en sont servis avec brio, pensez à Benny Lévy et Walter Benjamin, entre autres.

    J’aurais pu m’étendre encore mais je vais arrêter ici pour le moment. Si ça ne vous importune pas, je vais commenter d’autres sujets que vous avez affichés. Je vois que vous avez découvert l’origine de mon pseudo, ce personnage qui m’a littéralement fasciné au point que j’ai lu le roman quatre ou cinq fois. Certains livres vous parlent, vous interpellent plus que d’autres, même si la majorité n’y comprend rien car de tous les romans de Kokis, Errances est celui qui a été le moins bien reçu. Enfin, vous avez peut-être trouvé ma page perso, qui en dit un peu plus sur moi. Dans le cas contraire, je vous laisse le lien, http://borisnikto.spaces.live.com . Ma propre curiosité m’a mené vers votre présentation sur votre page d’accueil. On aime bien savoir avec qui on échange, du moins un peu. Au plaisir.

  7. trex58 Says:

    Ma franchise… Parfois, trop souvent, j’en dis trop… Je ne sais pas me taire…

    Je pense avoir lu beaucoup moins de livres de philosophie que vous. Je lis lentement ce genre de livres. Et j’en lis d’autres…

    Pendant mes vacances en juillet et août, j’ai essentiellement pris des photos : capturer une attitude, faire un portrait. Mais j’ai aussi bavassé sur ce Blog ! C’est une drogue ! Un défouloir. Un moyen aussi d’apprendre à dire clairement ses idées. Mais pas toujours. Il y a aussi des pages où je déjante complètement… Quelques poèmes aussi…

    Il faut que je relise « L’esprit de l’athéisme » de Comte-Sponville : je n’avais PAS DU TOUT aimé ce livre, à l’époque. Il me semblait lire une démonstration du genre de celles qu’ils faisaient au Moyen-Âge pour prouver que Dieu existe… Mais, depuis cette lecture, j’ai changé, et j’ai aimé les deux livres de lui que j’ai lus ensuite.

    « Apprendre à vivre 2 » attend quelque part parmi les 100 bouquins que j’ai achetés d’avance…

    « Réenchantement du monde », de Luc Ferry ? Je suis impatient.

    Avant, je dévorais des livres de S.F., y passant (au désespoir de mon épouse…) des soirées et quelques nuits… Dan Simmons, par exemple. Mais la nuit est faite pour dormir ! Bon, il faudra quand même que j’essaye un jour de lire Millénium ! 😉

    Il y a, parmi mes lectrices, une dame de Québec aussi. Il me semble qu’elle aussi parle négativement de l’église chez vous… Au fait, j’ai un cousin à Ottawa ! Le monde est petit…

    Je suis, comme vous, réfractaire à tout ce qui pourrait réduire ma liberté de penser et d’agir, garanties par les lois, et dans leur cadre. Les religions sont intolérables, car le prosélytisme est essentiel pour elles : un croyant légèrement barjo d’une de ces religions monothéiste ne supporte pas l’incroyant, car il est la preuve vivante qu’il s’est peut-être bien trompé depuis des années…

    J’ai aussi des origines modestes, et un peu difficiles… Pas tout à fait du Zola ! Mais suffisamment pour que ma personnalité ne soit pas « standard », sans être (hélas ! 😉 ) exceptionnelle. Et, quant aux « plaisirs de l’esprit », ils étaient un peu absents dans ma famille… mais la curiosité est un moteur essentiel. Et pourquoi la curiosité ? Il faudra que j’en parle à ma psy…

    Onfray ? Bon, je n’ai lu que 2 bouquins de lui. J’ai adoré l’un (traité d’athéisme) et j’ai détesté le suivant (le souci des plaisirs). Deux extrêmes peut-être. Pas assez sûrement pour se faire un avis définitif. En tout cas, si j’ai aimé sa façon de tirer à la mitrailleuse lourde contre les religions, je trouve qu’il manque à son livre une analyse des religions : leur rôle, pourquoi elles sont advenues, pourquoi elles doivent disparaître mais en laissant la place à autre chose, car l’Homme aura toujours besoin de rites, d’histoires, et de spiritualité pour aborder les différentes étapes de notre vie, sans Dieu. J’ai acheté un livre qui fait cette analyse, mais je ne l’ai pas encore lu ! 😉 Bref, il ne suffit pas de dire que les Religions monothéistes sont nuisibles, il faut comprendre d’où elles viennent, à quoi elles servent, et pourquoi – alors que non-Dieu est mort depuis longtemps – elles sont encore là, à nous pourrir la vie.

    Un Doctorat : ce n’est qu’une base pour commencer à comprendre qu’on a énormément de choses à découvrir encore… Oui, certains « intellectuels » français font du charabia incompréhensible, par habitude. J’ai aimé « Le bonheur, désespérément » pour la simplicité des phrases et des mots.

    Pour BHL, ma position est qu’il doit choisir entre sa religion et la philosophie : les deux sont, pour moi, incompatibles. Je me méfie profondément des livres écrits par des personnes qui croient encore au Père Noël : cette petite folie, ce petit morceau de non-sens dans leur raison, cette vision fausse de ce qu’est la vie et la mort, tout cela rend leurs écrits tendancieux, faux, biaisés. En Mathématique, avec du faux, on ne peut rien prouver…

    N’hésitez pas à commenter d’autres sujets de mon Blog. Simplement, il y a aujourd’hui 568 articles sur mon Blog… et je parle de beaucoup de choses… humour, sexe, livre, poésie, etc Un vrai capharnaüm !
    Bonne lecture !

    « Errances » ? Encore un livre sur ma liste d’achat ? Stop ! Je ne sais plus où les mettre ! 😉

    Et, bien sûr, j’avais trouvé votre page perso ; mais ce n’était pas à moi de donner le lien sur mon Blog.

    À+

  8. Boris Nikto Says:

    🙂 Le père Noël!! En effet, je partage entièrement votre intolérance, non, disons votre impatience à l’égard des contes de fée. Oui, relisez L’Esprit de l’athéisme, si Sponville s’éloigne du dieu chrétien, il est quand même athée, il ne rejette pas pour autant une certaine spiritualité. Appelons ça un «étonnement». Pascal en disait tout autant quand il clamait que «Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie.», mais lui était janséniste, comme vous le savez. Par conséquent, disons que les deux ressentent bien que quelque chose les dépasse, mais là s’arrête la similitude. Au plaisir.

  9. trex58 Says:

    Non, il s’agit bien d’intolérance. Pas celle que les imbéciles opposent à leur tolérance automatique et générale, mais celle qui est réfléchie. La tolérance n’est pas une vertu, c’est un choix fait une fois mesuré le mal que peut causer ce qu’on accepte ou non de tolérer. Voir : https://trex58.wordpress.com/2010/01/24/tolerance-3/
    Nous avons besoin de spiritualité. Cela nous est indispensable pour vivre cette vie absurde et pour aborder les différentes phases de notre vie. C’est pour cela que je pense qu’Onfray fait la moitié du travail quand il déboulonne la religion chrétienne : certaines des choses qu’elle apporte aux croyants sont nécessaires aux non-croyants, comme les rites ou le besoin de partager des valeurs, des idées, ou une idée de ce qu’est la spiritualité avec d’autres personnes, que l’on fréquente et rencontre.
    Quant à notre place de grain de poussière dans l’Univers, il vaut mieux ne pas trop y penser et plutôt relire Epicure et Lucrèce : vivre les plaisirs de la vie, à chaque jour.

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